CONFERENCES UNION PRO Prochaine le 21 octobre

En 1779 est publié à Paris chez Nyon l’Aîné, avec approbation et privilège du Roi les« Mémoires concernant l’histoire, les sciences, les arts, les mœurs, les usages, Etc. des Chinois par les Missionnaires de Pé-Kin ». Dans le Tome Quatrième, le Père Amiot, de la Compagnie de Jésus (donc un jésuite) rédige une notice illustrée « Du Cong-Fou des Bonzes Tao-Ssée » (pages 441 à 451) et comportant 5 planches illustrées de personnages. Si on traduit en langage actuel il s’agit d’une explication sur « Les méthodes de réalisation (Cong-fou ou Kung-Fu) des Prêtres (praticiens) (Bonzes) du Tao (donc taoïstes). Le Père Amiot explique pourquoi « …Comme le Cong-Fou a réellement opéré des guérisons et soulagé bien des infirmités et qu’il s’agit d’une ancienne pratique de Médecine fondée en principe de la doctrine des Tao-Ssé elle en est aussi indépendante. Cette assertion curieuse est appuyée de raisons qui nous ont fait imaginer de proposer aux Physiciens (médecins – le terme demeure en langue anglaise) et aux Médecins d’Europe, d’examiner si la partie médicinale du Cong-Fou des Bonzes de Tao-Ssé est réellement une pratique de médecine dont on peut tirer partie pour le soulagement et la guérison de quelques maladies. Si cela était, nous nous croirions bien dédommagés de la peine que nous avons eu à nous mettre au fait d’une matière si ennuyeuse pour une personne de notre état et si étrangère à nos études et à nos occupations.  Nous fussions nous trompés, nous ne croirions pas avoir à rougir d’une méprise qu’on ne doit imputer à notre sensibilité aux misères qui affligent la vie des hommes et à notre amour pour la Patrie. » Voilà qui est dit et bien dit. Ce personnage a été témoin, en Chine, des bienfaits du Cong-Fou et souhaite que celui-ci puisse soulager des malades et patients en Occident et en France. Il ne recevra pas beaucoup d’échos favorables mais le « Cong-Fou » deviendra quand même une « curiosité de salon » pratiquée à la Cour de Louis XV. Mais cet écrit, et ces planches, ne tomberont pas dans l’oreille d’un sourd quand Pehr Enrik Ling (1776 1839), au début du XIXe siècle « créera » la fameuse Gymnastique Suédoise devenue Gym Suédoise. Tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes (occidental) si deux élèves de Ling, dont un certain Georgii, ne dénonçaient pas leur professeur comme ayant simplement adapté le fameux « Cong-Fou des Bonzes de Tao-Ssè » du Père Amiot pour imaginer une nouvelle forme gymnique : « La doctrine de Long, toute entière, n’est qu’une sorte de décalque daguerréotype (on dirait actuellement une photocopie ! note de GC) du Cong-Fou des Bonzes de Tao-Ssè ; c’est le vase royal de Dresde, le splendide vase chinois avec ses figures revêtues de teintes européennes »

Le seul problème est que la plupart des historiens occidentaux (et même asiatiques !) du sport donnent Ling et sa gymnastique suédoise comme était à l’origine du « plateau Hébert » donc de l’Hébertisme (une forme de gymnastique quelque peu militarisée) puis de l’Olympisme du Baron Pierre de Coubertin (1863 1937), donc de la gymnastique olympique.  Les athlètes chinois concourant dans cette discipline ignorent donc qu’elle est le descendant du Qigong plus que de la Grèce antique. Ledit personnage, en lui-même, se révèle être très misogyne, donc sexiste, un tantinet raciste et un grand admirateur d’un certain Adolf Hitler. Il a eu la chance de décéder en 1937, comme Jigoro Kano (1860 1938), fondateur du Judo, juste avant la seconde guerre mondiale. Quoi qu’il en soit c’est une piste historique étayée de nombreux documents et ouvrages que les enseignants de Qigong ou de Kung-Fu ne devraient pas ignorer. C’est un voyage dans cette histoire et ses documents, illustrations y comprises, que je vous propose lors de cette conférence.        

Georges CHARLES

Pratique les Arts Martiaux depuis 1958. Il découvre les Arts Martiaux Chinois et les pratiques chinoises de santé (DaoyinQigong) en 1969 aux U.S.A. De retour en France, il suit jusqu’en 1979 l’enseignement de Wang Zemin (Wong Tai Ming, Wong Tse Ming suivant les transcriptions, 1909 -2002) qui le désigne comme son successeur en tant que « Maître Héritier » à la tête de l’Ecole San Yiquan (Poing des Trois Un). Wang Zemin a lui-même été l’élève de Wang Xiangzhai et de Yip Man. Cette succession a été officialisée par l’érection d’une stèle franco-chinoise au Mémorial du Xingyiquan dans le Hebei. 

Georges Charles enseigne les Arts Martiaux Chinois et le DaoyinQigong (Qigong du Tao) de l’École du Lingbaoming depuis 1974. Il est le fondateur des Arts Classiques du Tao. Il est l’auteur de 22 ouvrages publiés ainsi que de nombreux hors séries et articles. Il est également le fondateur du site TAO-YIN (tao-yin.fr)